Souvenirs et Confidences // Merji (se) raconte
Troisième photographe à se livrer, Merji, premier lauréat du Lcc Program.
Troisième photographe à se livrer, Merji, premier lauréat du Lcc Program.
Deuxième photographe à se livrer, Youssef Lahrichi, troisième lauréat du Lcc Program.
Premier photographe à se dévoiler, Fayssal Zaoui, deuxième lauréat du Lcc Program.
La 5ème édition du Lcc Program a été ponctuée de moments riches en émotions. Outre le succès d’Autofiction(s) – exposition individuelle du 5ème lauréat, Adil Kourkouni – cette édition a aussi été marquée par les retrouvailles avec nos anciens lauréats, Merji, Fayssal Zaoui, Youssef Lahrichi et Mohamed Amine Abassi. Une belle occasion de se remémorer comment chacun d’entre eux a vécu sa première exposition individuelle ! Nous livrons ici un condensé des meilleurs souvenirs de nos artistes !
Lcc Program : Merji, tu étais le premier lauréat du programme : Comment as-tu vécu le lancement de La Chambre Claire ? Parle-moi de ton exposition : Tout d’abord, comment as-tu choisi cette série, et pourquoi ?
Merji : ‘’A l’époque, Diary of the Bled était en réalité ma seule et unique vraie série photographique, à comprendre comme la déclinaison d’un même concept sur plusieurs images. En effet, cette série marque mon retour au Maroc après de nombreuses années d’absence. De la même façon, elle représente une véritable évolution dans ma pratique photographique. Les deux événements sont intimement liés. Pouvoir partager ces expériences éminemment personnelles, et ma vision du Maroc, celle qui en a découlé, avec la société marocaine, confronter mon regard au leur, est une expérience très intéressante produisant des dialogues enrichissants.’’
Lcc Program : Qu’est-ce que cette exposition t’a apporté, en termes d’organisation, de rigueur, de production, de pratique photographique peut-être ? Quelles difficultés as-tu rencontrées tout au long du processus ?
Youssef Lahrichi : ‘’En tant que photographe amateur, il y a toute une partie du métier de photographe que je ne connaissais pas et que j’ai ici pu appréhender. Je n’avais encore jamais effectué de vrais tirages photographiques avant cela. Cette expérience m’a donc permis de découvrir toutes les étapes de post-production d’une photographie : retouches, formats, dimensions, tirage, encadrement. Je me suis également familiarisé avec le monde de l’art, milieu que je ne connaissais absolument pas. Echanger avec des professionnels, photographes, historiens de l’art, galeristes, m’a fait basculer dans une approche plus professionnelle de ma passion.’’
Lcc Program : Qu’as-tu ressenti lors du vernissage ? Quel a été ton meilleur souvenir ?
Fayssal Zaoui : ‘’La concrétisation de ce qui n’était qu’une passion. Voir ses photographies exposées procure un sentiment de légitimité vis-à-vis de son travail. Mais il faut se préparer à d’éventuelles critiques et savoir rester objectif. Car un vernissage, c’est une concentration d’amateurs comme de professionnels du monde de l’art. Je n’ai d’ailleurs jamais vu dans aucune galerie autant de mixité sociale que lors du vernissage de mon exposition. Voir des personnes de toutes les classes sociales rassemblées autour de mes photographies et échangeant leurs points de vue était extrêmement enrichissant. Leur regard, qu’il soit vierge de toute référence ou entrainé, décortiquait, jugeait, classait. Un vernissage, c’est un moment d’euphorie, de fierté, mais surtout un moment d’échanges constructifs primordial pour pouvoir continuer à avancer en photographie.’’
Lcc Program : Parlerais-tu d’une communauté photographique marocaine, voire africaine en formation ou d’ores et déjà soudée ?
Merji : ‘’La solidarité entre photographes existe bel et bien. Personnellement, je la ressens surtout à mon échelle, marocaine. Bien sûr il y a un peu de concurrence entre photographes d’un point de vue artistique, mais je parlerai plus d’émulation artistique. Chacun se tient au courant des projets et réalisations des autres afin de pouvoir positionner sa création par rapport à l’existant. Mais les photographes s’entraident beaucoup entre eux, notamment au sujet de l’exécution des photographies et de la post-production. Les échanges sont nombreux et fluides, chacun partage ses expériences et prodigue volontiers ses conseils. Au-delà, chacun suit son propre chemin artistique.’’
Lcc Program : Enfin, quelques conseils à donner aux prochains candidats et lauréats ?
Youssef Lahrichi : ‘’Si je pouvais donner un conseil aux passionnés de photographie, ce serait le suivant : Faites un réel travail de réflexion afin de construire un véritable discours autour de vos photographies. Il ne s’agit pas simplement de rassembler ses meilleurs visuels, il faut encore que ce regroupement ait une cohérence et serve un propos défini. Au-delà de l’esthétique, ce travail de réflexion est primordial.’’
Et Merji d’ajouter : ‘’Une photographie est un récit en soit, elle doit se raconter elle-même. C’est d’ailleurs pour cela qu’aucune des photographies de ma série n’a de titre. Il s’agissait d’une expérience, voir si chaque visiteur recevait le même message sur chacune des photographies sans écrit associer, afin de tester le pouvoir évocateur de l’image. « L’idée avant l’exécution », cette courte phrase devrait être le leitmotiv de tout photographe.’’