Abdo Shanan – Dry Series

« Am I an island? Where is my ocean? What is my relation to it? », citation tirée de Dry, Abdo Shanan.

 

 

 

 

 

 

 

En 2016, à travers la plateforme Afrique in visu, je rencontrais Abdo Shanan et découvrais les images de sa série Diary:Exil. Ce journal personnel dans un noir et blanc saccadé m’a tout de suite plu comme un morceau de musique que l’on ne cesse d’écouter en boucle.

J’ai suivi dès lors la construction du projet Dry. Le duo noir et blanc laissa alors la place à un mélange de couleur et de noir et blanc.  A travers ses paysages et portraits, Abdo Shanan questionne toujours son/notre lien au territoire, son/notre identité. Cette quête au départ personnelle devient universelle. L’auteur sort de son quotidien portraituré dans Diary:Exil, pour partir à la rencontre de femmes et d’hommes venus d’ici ou d’ailleurs qui tout en faisant parti d’un environnement, ne se sentent pas y appartenir.

A travers des interviews et des portraits, le photographe tisse une histoire collective mais où chaque parole est unique.  Le récit ne peut être linéaire, chronologique, géographique puisqu’il se crée par la multitude d’expériences et de mémoires. En images, Abdo Shanan semble répondre au poète John Donne “No man is an island entire of itself; every man is a piece of the continent“ (« Aucun homme n’est une île à part entière; chaque homme est un morceau du continent »).

Jeanne Mercier

Hasnae El Ouarga, ou la fabrique d’icônes

Les photographies de Hasnae El Ouraga, m’interpellent.
Elles convoquent pour moi l’iconographie chrétienne de la douleur;
En se réappropriant cette tradition iconographique, elle construit un réel allégorique.
Au-delà de la posture, du cadrage, des regards, sous son œil de photographe, ces femmes deviennent des madones.

Comme elle le stipule elle-même dans sa note d’intention : « through my shots I try to capture their moods, to explore the depths of their story and personhood and the metamorphosis of the state of mind. »
Emotion garantie, ces photos ne sont plus qu’une image statique, notre inconscient y plonge, ces photos de femmes deviennent des lieux de mémoire, on en ressentirait presque la douleur, la sérénité, les cris de rage, les espoirs … l’histoire de chacune de ces madones,
Toutes des icônes.

Zineb Andress Arraki, architecte et photographe

 

Wiame Haddad

Ceux qui restent 

2012 – 2016

 

La photographe a l’art de nous mettre en situation de malaise. De ces malaises constructifs, de ceux qui déconstruisent les aprioris que nous avons notamment sur ce qui peut être « montré » et sur la représentation du corps dans le milieu socio-culturel dans lequel l’artiste a grandi. Elle interroge, dans les différentes séries qui composent sa démarche photographique, la légitimité de son point de vue, elle qui est née à Lille en France d’un père et d’une mère maghrébins. La photographe choisit la posture de l’entre deux.

Son regard est-il occidental ? A quelle légitimité peut-elle prétendre ?

 

 

 

 

 

 

 

 

Elle a fait du « corps », le « corps » de sa démarche.  Tout en pudeur et en délicatesse, ses images n’en dégagent pas moins une réelle tension.  Sans doute en grande partie grâce à la force de persuasion dont a dû faire preuve la jeune femme pour convaincre son père – tunisien – de poser nu.

Le propos est politique. Le corps s’inscrit dans un contexte d’enfermement, de conflit intérieur ou provoqué par un contexte historique et social. De l’esthétique de ses images se dégage une douceur – qu’on imagine être un des traits de caractère de l’artiste – doublé d’une force « résistante ». On peut penser que Wiame Haddad participera au fil du temps à faire évoluer le regard que les continents portent les uns sur les autres…

Nathalie Locatelli – Fondatrice de la Galerie 127 – Marrakech